Dans le cadre de ma résidence avec les Ateliers Medicis pour CREATION EN COURS, j'ai voulu réaliser une performance avec les enfants de Saül (Guyane) qui mettait en jeu la création de costumes et d'objets en céramique avec des matériaux issus de la forêt et du village, ainsi que la création d'une histoire propre au village et liée à une constellation.
Au final, la performance a été présentée aux habitants du village. Chaque enfant portait son propre costume qu’il avait réalisé, jouait son propre instrument  et racontait une partie de l'histoire. Placés de façon à faciliter le dialogue, les réparties s'alternait entre la parole et les sons des instruments (tambours créoles et tibwas pour les plus grands, maracas, tambourins à cymbales, etc.. pour les plus petits).



































































































































































Les premiers jours à Saül ont été consacrés à la recherche et à la préparation des matières premières pour la confection des costumes et des objets : plantes et graines colorantes pour les teintures; écorces, pierres et tiges pour les parures; argile pour les objets; bois et sable pour le four. Avec l'aide et le partage de connaissances de plusieurs habitants, des guides forestiers et des potières de Mana, nous avons pu trouver ces matériaux et les utiliser. Après avoir préparé l'argile (réduite en poudre, tamisée puis mélangée à de la poudre tamisée de cendre de bois, et ré-humidifiée pour en faire de nouvelles boules), nous avons modelé de petits pots avec la technique du colombin puis gravé sur des plaques les différents motifs. Le dernier jour de la résidence, nous avons réalisé une cuisson primitive, en enfouissant les poteries dans un trou ensablé, recouvert par le feu. La météo du moment ne nous a pas aidé car en saison des pluies, les poteries n'ont pas pu bien sécher, et une averse soudaine lors de la dernière phase de cuisson a fait éclater de nombreuses productions.



































































































































































































































































Dans un second temps, nous avons travaillé sur la symbolique des motifs et signes graphiques présents dans les arts guyanais. A la croisée des différentes cultures, nous avons observé, imaginé, discuté des dessins que j'ai recueillis lors de ma précédente étape de recherche en Guyane. Par la suite, chaque enfant a cherché et a créé ses propres signes graphiques qui ont été ensuite imprimés sur les tuniques. Lorsque les matériaux ont été prêts à l'emploi, nous avons commencé à réaliser les costumes : découpe des tuniques, dessins avec la technique du batik (cire chaude) et teintures végétales (ici bains réalisés à partir de roucou, de wassaï, de curcuma et d'anvers). Réalisation des coiffes à partir de fibres de cocos, tissus teints, tiges de palmiers et laine colorée. Réalisation des colliers et ceintures à partir de tiges d'aroumans, de morceaux de quartz, et de laine colorée.  



















































































































































Dans un troisième temps, nous avons cherché à créer une histoire, qui serait à la croisée d'un conte, d'un mythe, et d'une micro-étude sociologique de Saül. Pour cela, il me semblait intéressant de travailler autour de la narration du village même, et de la lier à une constellation présente dans le ciel saülien. La méthodologie était simple: après une introduction à certaines cosmologies guyanaises, et notamment à partir de récits amérindiens qui introduisent les constellations, nous avons été observer le ciel quelques soirs afin d'imaginer la constellation de Saül. La création de l'histoire s'est déroulé en trois étapes : tout d'abord j'ai recueilli l'expérience de vie des enfants au sein de leur village, puis nous avons été interviewer une doyenne du village sur son expérience de vie et finalement, nous avons composé l'histoire à partir d'éléments distinctifs de ces deux époques.



















Dans un quatrième temps, nous avons cherché à apprendre l'histoire et à la mettre en scène. Quelques enfants pratiquant déjà le tambour, c'était l'occasion d'introduire les instruments. Travail sur la répartition de la parole, place des instruments.
Et finalement, le temps de la restitution consistait en la performance de tous les élèves, en costume, de leur histoire racontée et accompagnée musicalement (tambours créoles, et autres petits instruments comme maracas, tambourins à cymbales, ect…)











         
© Celine Drouin Laroche. Tous droits réservés.