Something to do with the dark


fait suite à un séjour de recherche que j’ai effectué avec Camille Back, actuellement chercheuse et doctorante (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3), au Texas et en Californie en mai 2018 au cours duquel nous avons travaillé dans les archives de Gloria Anzaldúa à Austin et à Santa Cruz, réalisé une série d’entretiens filmés auprès de certains de ses ami.e.s intimes et de ses comadres in writing, récolté des images et du son entre Hargill, Austin, San Antonio, Los Angeles, Santa Cruz et San Francisco.

Travail plastique et sensoriel autour de la figure de Gloria Anzaldúa, de son parcours, de son processus créatif, des concepts et des images poétiques qu’elle développe, Something to do with the dark mêle différents régimes d’images et de narrations. Il s’agit alors de dépasser le statut documentaire des images, notamment par le montage et la bande son expérimentale, pour basculer dans la fiction et dans une expérience visant à altérer nos perspectives et nos perceptions, au même titre que les autohistorias-teorías d’Anzaldúa.

Engagée dans l’élaboration des théories chicanas, queers et féministes décoloniales, Gloria Anzaldúa (1942 - Raymondville, Texas / 2004 - Santa Cruz, Californie) a contribué à travers ses essais et poèmes à introduire la pensée du métissage aux Etats-Unis. Le nouveau genre de théories qu’elle élabore et cherche à mettre en action – des théories intersectionnelles qui traversent et brouillent les frontières – demande de nouvelles méthodes de théorisation auxquelles répondent le métissage linguistique et de genre qui caractérise et définit l’autohistoria-teoría, cette « forme hybride qui transgresse les lois du genre en mélangeant la poésie, la fiction, la théorie ainsi que d’autres genres ». Des récits métisses qui sont des « theories in the flesh » – théories dans la chair ou théories incarnées –, selon l’expression de Cherríe Moraga, c’est-à-dire des théories dans lesquelles les réalités physiques de la vie de leur auteur.e.s – leur couleur de peau, leur genre, le lieu où ils ont grandi, leurs désirs sexuels – fusionnent pour créer une politique née par nécessité. Anzaldúa utilise le terme « activisme spirituel » pour décrire son épistémologie et son éthique, basées sur l’expérience. Au niveau épistémologique, l’activisme spirituel propose une métaphysique de l’interconnectivité et emploie des modes de pensée non-binaires. Au niveau éthique, il requiert des actions concrètes destinées à intervenir dans et à transformer les conditions sociales existantes.

















Diffusion lors du colloque ALMS 2019 Berlin: Queering Memory, juin 2019, Haus Der Kulturen Der Welt, Berlin.





© Celine Drouin Laroche. Tous droits réservés.